Élan de vélo

C’est dans le mouvement.
​L’air glisse, sifflant à mes oreilles.

Devant moi, la piste douce et ondoyante,
Effleurant la terre,
S'élance, plonge, virevolte,
Comme des vagues sur l’immensité.

Des champs d’herbes dansantes
Glissent sous les roues tournoyantes,
Et, comme si la piste s’éveillait,
S’embrasait elle-même d’un désir intense.

Puis, tout d’un coup, tout s’efface:
…Une sorte de mort.

Le vélo et moi disparaissons,
Dissous dans l’instant,
Devenus mouvement parfait:
​Fluide danse,
Glissant sur l’échine de la terre,
A travers lys de feu et asters blancs sauvages,
Nichés dans les herbes.

Eux et moi,
Paradoxalement,
Indistinguables
Dans le paysage vivant.

Les étoiles le savent.
Maintenant  — à travers moi.

Et comme une offrande
Pour cette — ‘sorte de mort’
Dévoilent à jamais présence et beauté,
Nous rappelant chacun
Notre place dans le grand
Écoulement de l’amour.